LES INFOS DU PAYS DE PLOERMEL  

Une véritable ode à la vie

Daniel Testard est connu pour ses qualités de boulanger et son engagement en faveur de la décroissance. Mais il est aussi l’auteur d’un ouvrage remarquable, intitulé “Sacrés chants”. Une pépite pour les musiciens et les amoureux des belles histoires...

S’il avait un dieu, il s’appellerait Harmonie. Car toute la vie de Daniel Testard tend à l’eurythmie : travailler tout en respectant les cycles de la Nature ; s’épanouir sans compromettre l’équilibre de l’Autre ; nourrir son esprit et son âme, en accord avec ses idées de «bien faire»... Rien de surprenant alors, que la musique l’ait un jour touché au cœur. D’ailleurs, l’oreille interne n’est-elle pas l’organe qui régit l’équilibre du corps ?... La révélation lui est apparue il y a quelques années. Il découvre alors l’univers des chants contemplatifs. « Le déclic a eu lieu en Bourgogne. J’ai entendu parler d’un stage de chants indiens, des mantras. Je n’y connaissais rien mais je me suis dit “pourquoi pas moi ?”... » L’affinité est immédiate, presqu’incroyable. A tel point que Daniel est depuis en quête, avide d’en connaître toujours plus sur les chants dévotionnels. Après sept ans de voyages, de rencontres et de collectes, il vient de donner naissance à un ouvrage extraordinaire, “Sacrés chants, sur les voix de la contemplation”, paru aux éditions des Oiseaux de Papier à Ploërmel.

Des cantiques chrétiens aux chants amérindiens, en passant par les mantras tibétains : ce recueil est un véritable trésor, pour les musicologues comme pour les ethnologues. Mais surtout pour tous les amoureux des belles histoires ! Car chaque chant s’accompagne d’un texte passionnant qui raconte la musique, les peuples, l’universalité... « Les chants rencontrés sont nés pour servir des rituels, précise Daniel Testard. Ils ont plusieurs siècles mais ils sont menacés de disparition, car les rituels eux-mêmes sont menacés de disparition... sauf si on leur redonne une nouvelle vie. La question est : quelle nouvelle fonction peut-on leur donner ? Je crois qu’il faut les faire renaître lors des grands moments de notre vie, des événements qui demandent à être signifiés : une naissance, un deuil, le retour de la lumière après l’hiver... » A l’origine, de nombreux chants comme les grégoriens ont été composés pour des raisons spirituelles.  «J’ai reçu une éducation chrétienne, je suis baptisé, mais j’ai abandonné tout cela très tôt. Il y a différentes manières de dire ses croyances mais elles se rejoignent toutes dans l’universalité. Le chant est une vibration, et le message est universel même si on n’est pas chrétien. Pour moi, il n’y a qu’un seul dieu, c’est la conscience qui doit s’incarner. Mais la matérialité n’est pas l’objectif de ma vie ; seulement la qualité de la conscience. C’est cette croyance qui permet de décrocher de la consommation. »

Daniel assure que «toutes les croyances ont créé des chefs-d’œuvre parce que chacun de leurs auteurs était sincère». Lui-même a transformé ses propres réflexions en une vingtaine de mélodies dont il se dit humblement «bricoleur», «artisan». «Il y a beaucoup de chants pour la Terre, pour ceux qui y vivent, qui l’ont quittée, qui vont y venir.» Il les écrit en se promenant dans les bois et sur les chemins près de Quily, ou en faisant son pain biologique dans le fournil qu’il a construit. De temps à autre, il s’isole dans son “zome”, un oratoire en bois posé un peu à l’écart de sa maison. Il y couche sur papier les airs transmis par des chantres. Sur quatre lignes, comme à l’époque médiévale, avant l’invention de la polyphonie et d’une cinquième ligne. «Mon écriture peut faire crier les académiciens, sourit-il. J’ai voulu habiller les notes, les faire danser, pour embellir l’interprétation. J’ai donc inventé des signes qui sont toutefois définis en préambule.» Entonner, réciter, psalmodier ou gazouiller... Chacun pourra ainsi librement s’approprier ces beautés rares. Et les transmettre à leur tour comme un héritage commun... universel.